Pagine

18 luglio 2018

Il sole – Charles Baudelaire

Vincent Van Gogh - Girasoli
Il sole – Charles Baudelaire

Lungo il vecchio sobborgo,
ove le persiane pendono dalle catapecchie
rifugio di segrete lussurie,
quando il sole crudele batte
a raggi raddoppiati sulla città e i campi,
sui tetti e le messi, io mi esercito
tutto solo alla mia fantastica scherma,
annusando dovunque gli imprevisti della rima,
inciampando nelle parole come nel selciato, urtando
qualche volta in versi a lungo sognati.

Questo padre fecondo, nemico di clorosi,
sveglia nei campi i vermi e le rose,
fa svaporare gli affanni verso il cielo,
immagazzina miele nei cervelli e negli alveari.
E' lui a ringiovanire coloro che vanno con le grucce
e a renderli allegri, dolci come fanciulli,
lui a ordinare alle messi di crescere e maturare
entro il cuore immortale
che vuol sempre fiorire.

Quando, simile a un poeta, scende nelle città,
nobilita le cose più vili e s'introduce da re
senza rumore, senza paggi,
entro tutti gli ospedali e tutti i palazzi.

************
Le Soleil

Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures
Les persiennes, abri des sécrètes luxures,
Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés
Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés,
Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime,
Flairant dans tous les coins les hasards de la rime,
Trébuchant sur les mots comme sur les pavés
Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.
Ce père nourricier, ennemi des chloroses,
Eveille dans les champs les vers comme les roses;
II fait s'évaporer les soucis vers le ciel,
Et remplit les cerveaux et les ruches le miel.
C'est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles
Et les rend gais et doux comme des jeunes filles,
Et commande aux moissons de croître et de mûrir
Dans le coeur immortel qui toujours veut fleurir!
Quand, ainsi qu'un poète, il descend dans les villes,
II ennoblit le sort des choses les plus viles,
Et s'introduit en roi, sans bruit et sans valets,
Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.

Nessun commento:

Posta un commento